Dernière mise à jour le 03 janvier, 2019 à 04:26 am
Imaginez.
Tout autour de vous, les longues steppes arides d’Asie centrale s’entendent à perte de vue. Des montagnes marquent le paysage avec leur sommet à plus de 4’000m. Votre fidèle destrier galope à pleine allure.
Bon d’accord, le galop, ce n’était pas le premier jour, ni pour la montée… Mais vous imaginez bien la scène.
Le cheval est roi en campagne kirghize. Chaque enfant monte à peu près aussitôt qu’il sait tenir debout et dès qu’il a 8 ans vous fous la honte immédiatement. Une randonnée à cheval s’imposait comme activité dans ce pays – surtout que Céline faisait de l’équitation quand elle était ado.
Il y a deux destinations phares au Kirghizistan pour faire une randonnée à cheval: deux lacs de montagne, le lac Issyk-Kul, le plus grand lac du Kirghizistan et l’un des plus grands d’Asie centrale, situé à 1’600m d’altitude, et le lac Son-Kul un peu plus petit mais tout autant impressionnant et situé quant à lui à 3’000m d’altitude.
Nous avions entendu que lors les randonnées autour du lac Issyk-Kul, on logeait plutôt dans des guesthouses alors qu’au lac Son-Kul, on logeait dans des yourtes. Du coup, pour plus d’authenticité, nous sommes partis pour le lac Son-Kul.
Trajet vers Kyzart, notre lieu de départ pour la randonnée
Nous nous sommes donc rendus à Kyzart en marshrutka depuis Bishkek, un minibus public partant seulement quand il est plein (soit un horaire pouvant varier de quelques minutes à plusieurs heures) dans lequel on est serré comme des sardines – enfin, toujours moins que dans certains shared taxis, soyons clairs. Nous avons eu de la chance car à notre arrivée à la Western Bus Station de Bishkek, il restait exactement 4 places dans la marshrutka partant pour Chaek (2 pour nous et 2 pour nos amis anglais rencontrés à Bishkek, nous ayant accompagnés pour la randonnée à cheval)! La marshrutka est donc partie 10 minutes après notre arrivée!
Et c’est parti pour 5h de route
4h sur du goudron en mauvais état avec des trous de toute part et 1h sur une route en terre poussiéreuse et accidentée. Ça dépasse par la gauche, ça dépasse par la droite, tant que y’a de la route/trottoir, y’a de la place pour dépasser, et si quelqu’un ne se laisse pas dépasser, on klaxonne pour lui expliquer le pourquoi du comment. En route, nous nous sommes arrêtés pour déposer un paquet à une dame attendant au bord de la route, nous nous sommes quand même demandés comment ils s’étaient organisés. Plus loin, la marshrutka prend encore 2 personnes âgées dans le bus. Je vous avais dit que le bus était plein? Il l’est toujours. Sauf que là où peuvent deux, peuvent trois. De plus, le chauffeur sort un tabouret et la vieille dame s’assied dans l’allée du minibus.
Le chauffeur nous a déposé au bord de la route, à la Gate to Kyzart situé à environ 500m du village.
Au même moment, une vieille camionnette s’arrête au bord de la route avec à son bord 3 locaux qui nous proposent de grimper à l’arrière. Mais avant de monter, shot de vodka pour tout le monde, et deux fois plutôt qu’une! La camionnette nous amène alors jusqu’au village. On descend de la remorque et re-shots pour tout le monde (autant dire que la bouteille y est passé).
A la recherche de notre hostel...
Et là, l’aventure pour trouver notre logement commence. Nous avons l’adresse de notre logement, un numéro de téléphone mais personne ne répond. Sans aucun panneau et avec Google maps non disponible dans le coin, difficile de s’en sortir, même avec l’emplacement sur la carte GPS.
Pendant que nous galèrons à demander notre chemin, une autre voiture s’arrête et nous propose un tour à cheval et nous propose un tarif pour 3 jours. Une chose après l’autre, nous repasserons une fois notre logement trouvé. Nous partons en direction du point sur la carte. Pas plus de 200m plus loin, un groupe de femmes dans une yourte nous accueillent et nous invitent à prendre le thé. Nous refusons car on a toujours nos gros sacs à dos sur nous et nous voulons d’abord trouver notre logement. L’une d’entre elle insiste et tire vigoureusement sur mon bras. Une autre, nous prend chacun un bras et nous pousse vers la yourte. Elles avaient vraiment envie qu’on prenne le thé avec elles!
Il faut dire qu’il n’y avait pratiquement aucun touriste dans le village à ce moment là.
Elles acceptent finalement qu’on parte mais à peine 20m plus loin, elles nous rattrapent et nous offrent des pâtisseries, puis elles versent TOUTES les pâtisseries dans un sac en plastique, nous voilà parés pour un siège! Et juste derrière, une autre nous apporte un plat de riz et de viande pour nous faire goûter, mais à peine goûté, hop! Tout dans un autre sac plastique pour prendre avec! Notre souper et petit-déjeuner du lendemain étaient prêt.
On nous emmène ensuite au magasin d’à côté où le gérant pourra peut-être nous aider. Ne parlant pas anglais, il appelle sa fille qui fera la traduction par téléphone interposé, puis il nous guide à travers champ vers l’emplacement probable de notre logement. En chemin, nous croisons un homme sur un cheval à qui le commerçant nous laisse. Enfin on aura trouvé notre logement. Que d’étapes pour trouver simplement notre logement!
Randonnée à cheval
Nous sommes ensuite allés négocier le tour à cheval à l’hostel CBT. Selon nos renseignements, si nous nous en sortons pour 6’000 soms (environ 80CHF ou 75€) par personne pour trois jours et deux nuits tout inclus, c’est un bon prix. Il nous propose 18’500 soms pour quatre personnes, soit 4’625 soms par personne (65 CHF ou 57€)! (le détail des coûts est disponible ci-dessous). Nous avons donc réservé pour un départ le lendemain matin à 9h.
Le lendemain matin à 9h nous sommes prêts pour le départ.
Une heure et demie plus tard, le guide et les chevaux étaient eux aussi prêts, et c’est parti! Notre guide est un jeune local de 16 ans pour qui c’est la première randonnée comme guide, par contre on voit qu’il a plusieurs centaines d’heures de cheval à son actif.
La promenade commence gentiment à plat. On voit déjà le caractère de certains chevaux ainsi que l’inexpérience de certains cavaliers. Quand on mêle les deux, ça donne (pour moi) un cheval qui refuse d’avancer ou qui mange et boit à sa guise.
La montée au col
Après la mise en bouche, vient la partie principale du voyage avec une longue montée vers le col permettant l’accès au lac. Partis de 2’200m, le col grimpe (et nous aussi) jusqu’à 3’400m.
Durant la montée, la vue sur la vallée et les montagnes avoisinantes est splendide! Nous nous arrêtons quelques fois pour faire de magnifiques photos.
Au passage du col, la température varie selon si l’on est au soleil ou à l’ombre, entre chaud et frais. Soudain, le lac apparaît devant nous, d’un bleu azur, majestueux et gigantesque.
Vers notre camp de yourtes
Il ne nous reste plus qu’à descendre pour rejoindre notre camp de yourtes pour la nuit. Plusieurs camps se trouvent dans ce coin. Chacun est composé de 5-6 yourtes. Les kirghizes passent l’été ici avec leur troupeau de chevaux ou vaches (quelques têtes tout au plus, la majorité sont des chevaux). Les animaux sont en liberté.
Dans la yourte, les lits sont à même le sol avec des grosses couvertures colorées en guise de matelas. Le reste de l’après-midi est individuel, entre sieste, photos des environs ou promenade pédestre. Les repas sont généreux, le thé coule à flot et est la seule boisson disponible: à peine notre tasse est finie qu’on nous la remplit à nouveau. Les toilettes turques (ou plutôt une planche avec un trou au milieu) entraînent notre gymnastique ainsi que nos talents de visée.
La nuit est glaciale et nous rappelle que nous sommes quand même à 3000m d’altitude. Les deux couvertures ne sont pas de trop dans la yourte (en plus de plusieurs couches de vêtements pour certains).
Si vous avez le courage (ou des couches d’habits en suffisances), nous vous recommandons de sortir de la yourte pendant la nuit pour admirer les étoiles – le ciel s’offrant à vous est somptueux!
Deuxième jour
Le trajet du lendemain est à plat le long du lac. Etant plus à l’aise, nous commençons à trotter et même galoper sur certains bouts.
C’est assez grisant de sentir son cheval se mettre au galop et de commencer à graviter au-dessus de lui, en sentant le vent filer le long de nous. (Sauf quand on est sur le cheval du guide, un peu plus sanguin que les nôtres et qu’il part au trot à sa guise, je me suis fait une belle frayeur d’ailleurs). Après environ deux heures, nous arrivons au deuxième camp.
Notre deuxième yourte a même des lits! Chouette! Sauf qu’ils étaient probablement plus dur que les couvertures au sol (aïe le dos).
Ce camp est plus moderne et possède de vraies toilettes, on peut même y réserver un lit sur Booking.com et est accessible en voiture. Ils ont une balançoire et un terrain de foot. Un match international a été improvisé. Autant vous dire qu’il n’y avait là aucun joueur d’une quelconque équipe nationale, quelle soit kirghize, suisse ou anglaise. En même temps, jouer en schlapp (claquette) à 3’000m, ça n’aide pas.
Troisième et dernier jour
Le dernier jour a commencé par la remontée à un autre col à 3400m puis la descente en plaine avant de terminer par deux heures de chevauchée à plat avec un panorama à 360 degré, entourés de montagnes et de terres arides. Nous sommes arrivés en milieu d’après-midi à notre base de départ après plus de 5h de cheval – quelle aventure!
Et après...
Après cette randonnée à cheval, nous nous sommes rendus à Osh afin de nous lancer dans l’aventure de la Pamir Highway.
Conseils pratiques pour une randonnée à cheval au Kirghizistan
Organisation de la randonnée
Les balades pour le lac Son-Kul partent de deux endroits: Kotchkor et Kyzart. En se renseignant un peu, on a trouvé que les balades depuis Kyzart coûtent (nettement) moins chers.
Nous avons réservé notre randonnée à cheval à l’hostel CBT de Kyzart mais à peu prêt n’importe qui peut vous organiser ça dans le village. Nous avons pu laisser nos gros sacs à dos à l’hostel CBT.
Combien ça coûte?
Les tarifs suivants nous ont été proposés pour 3 jours, 2 nuits, 4h de cheval environ par jour à destination du lac Son-Kul:
- 500 soms par jour par cheval (il faut aussi compter celui du guide) – total: 7’500 soms,
- 800 soms par jour pour le guide – total: 2’400 soms,
- 450 soms par personne et par nuit pour la yourte et le petit déjeuner – total: 3’600 soms,
- 250 soms par personne par jour pour le repas de midi et idem pour celui du soir – total 5’000 soms (repas de midi au CBT à notre retour inclus).
Total pour quatre personne: 18’500 soms, soit 4’625 soms par personne (65 CHF ou 57 €). Un prix bien plus avantageux à ce qu’on pensait. On est en fin de saison, peut-être que cela a joué un rôle.
En comparaison, un couple de français parti de Kotchkor et croisé un soir dans l’un des camps a payé 25’000 soms (350 CHF ou 308 €) à deux pour 4 jours (3 nuits). Même pour 4 jours et 3 nuits, nous n’aurions pas payé ça à 4, ni à deux d’ailleurs. Depuis Kotchkor, le premier bout ainsi que le retour se fait en voiture, cela peut expliquer une partie de la différence de prix mais pas tout. Et on paie pour une balade à cheval, non pas pour un tour en voiture.
Pas besoin d’être un cavalier avec une quelconque expérience pour faire une telle balade.
Je montais pour la première fois de ma vie. Après, ça aide à ne pas se retrouver avec une tête de mule qui refuse d’avancer (plus tête de mule que moi, si si ça existe, on vous assure).
Transport
Les marshrutka partent de la Western Bus Station de Bishkek, les shared taxi aussi d’ailleurs.
Comme aucun marshrutka n’a comme destination finale Kyzart, il faut demander le marshrutka pour Chaek et dire au chauffeur qu’on veut descendre à Kyzart. Le ticket coûte 300 soms (4.20 CHF ou 3.7 €) par personne. L’arrêt se trouve au bord de la route principale à environ 500m du village.
Pour repartir de Kyzart, nous avons pris un shared taxi organisé par l’organisateur du tour à cheval – surtout parce qu’on partait le soir. Nous a payé 1500 soms (21 CHF ou 18.50 €) pour la voiture jusqu’à Kotchkor (lieu où nos chemins se séparaient avec nos amis anglais). Puis, nous avons pris un shared taxi pour Bishkek pour 300 soms par personne, taxi que nous avons partagé avec une locale. Vous pouvez également vous mettre au bord de la route et attendre une marshrutka pour Bishkek. Impossible cependant de connaître un horaire précis, il y en aurait deux par jour à ce qu’nous avons entendu. Vous pouvez également faire du stop et négocier avec le conducteur mais ça risque de vous coûter plus cher selon une touriste russe que nous avons rencontrée à Kyzart.
Où se loger à Kyzart? Les Hébergements
A Kyzart, il y a plein de guesthouse non annoncées. Vous pouvez donc arriver là-bas sans réservation et discuter avec les locaux. Sinon il y a aussi une guesthouse sur Booking.com ainsi qu’un Airbnb. Nous avons logé à l’Airbnb, pour Kyzart celui-là est assez luxueux. En principe, le responsable vient vous chercher à l’arrêt de bus, ça vous évitera nos aventures (et la vodka, ce qui peut être dommage).
Les toilettes (ou trous dans le sol) ont en principe du papier. Cependant, selon le moment du jour ou de la nuit, il vaut mieux en avoir sur soit.
Divers
Boire une bouteille de vodka avec des inconnus vous coûtera 100 soms (1.40CHF ou 1.20€). Même si vous aviez rien demandé. 😉
Certains liens de cette page sont sponsorisés. C’est à dire que si vous les utilisez pour effectuer une réservation, nous toucherons une petite commission sans que ça ne vous coûte plus cher.
