Dernière mise à jour le 26 mars, 2019 à 05:41 pm
Bien que n’étant pas l’attraction majeure du Cambodge, la capitale, Phnom Penh, reste malgré tout un passage obligé dans le pays. D’un point de vue touristique d’abord, avec quelques beaux temples ainsi que des traces des crimes contre l’humanité des Khmers Rouges, puis d’un point de vue transport, Phnom Penh étant le point de départ et d’arrivée des bus des différentes villes du pays.
Notre arrivée à Phnom Penh
Nous sommes arrivés en bus depuis Trat en Thaïlande.
Pour tout savoir sur notre passage de la douane pour le Cambodge, lisez cet article.
Une fois au Cambodge, le long de la route, les paysages sont splendides. Les routes sont par contre en très mauvais état, certaines encore en terre, d’autres en mauvais goudron.
Nous arrivons dans les alentours de Phnom Penh vers 18h.
Devant chaque entreprise, des camionnettes chargent les employés debout à l’arrière. Mais rassurez-vous, les gens ne risquent pas de tomber, ils sont tellement serrés comme des sardines qu’il n’y a pas de place pour qu’ils puissent bouger et tomber…
Il y a également énormément de déchets sur les bords des routes, bien plus qu’en Thaïlande.
Une fois arrivés à la station de bus, nous allons manger dans un restaurant tout proche, histoire d’avoir du wifi pour commander un taxi via l’application Grab. Le trajet vers notre hôtel en voiture nous coûtera $2 alors qu’un tuktuk demandait $4 pour le même trajet… S’ils étaient un peu plus honnêtes, ils pourraient avoir tellement plus de clients…
Notre visite de Phnom Penh
A l’exception de S-21 et des Killing Fields, tous les monuments se visitent à pied.
Deux jours suffisent pour en faire le tour: un jour pour les temples et les monuments et un jour pour le S-21 et les Killing Fields.
Le Wat Phnom
Nous avons commencé notre visite de Phnom Penh par le Wat Phnom, temple situé sur une colline au milieu d’un grand rond point. Entouré de grands arbres, il est agréable de s’y promener à l’abri du soleil.
L’entrée coûte 1 $.
Le marché couvert
Nous sommes ensuite allés au marché couvert non loin de là. Nous commençons d’abord par nous promener dans les allées du marché situées dans un haut bâtiment en forme de X. A l’intérieur, on trouve beaucoup de stands de bijoux, des appareils électroniques et des habits. Nous ressortons du bâtiment et arrivons dans le coin des fruits, légumes, viandes, poissons et… insectes!
En effet, certains stands vendent également des insectes: araignées et sauterelles frites. Céline et moi avons eu besoin de plusieurs stands dans plusieurs villes avant d’oser en essayer finalement à Siem Reap.
Le monument de l’indépendance
Nous prenons ensuite un tuktuk vers le Sud en direction du monument de l’indépendance. C’est le seul trajet que nous n’avons pas fait à pied. Le monument a été construit en 1958 pour commémorer l’indépendance avec la France en 1953.
Ce monument se trouve également au milieu d’un rond point d’une route très fréquentée, nous nous sommes donc contentés de l’observer depuis un peu plus loin.
Le monument étant symétrique, il n’y a pas de moment idéal pour le photographier. Cependant, si vous souhaitez le prendre en photos depuis le parc adjacent, le meilleur moment est le matin.
Juste à côté se trouve la statue du Roi Norodom Sihanouk. La statue est dédié à l’accomplissement du Roi de libérer le Cambodge du protectorat français.
Le meilleur moment pour photographier la statue du Roi Norodom Sihanouk est le matin. En fin d’après-midi, le soleil se trouve juste derrière la statue rendant très difficile les photos du bâtiment.
Le monument de l'amitié Cambodge-Vietnam
Nous sommes ensuite repartis vers le Nord et avons vu le monument Cambodge-Vietnam commémorant l’amitié entre les deux pays. Le Vietnam communiste a en effet renversé le régime totalitaire et tortionnaire des Khmers Rouges.
Le Wat Botum
Juste à côté se situe le Wat Borum. Il n’est pas forcément nécessaire de s’arrêter à ce temple si vous êtes pressés bien qu’il soit un cimetière pour de nombreuses personnalités et politiciens.
Le Palais Royal et la Pagode d’argent
En continuant plus vers le Nord, nous arrivons devant les murs entourant le Palais Royal et la Pagode d’argent. Les heures d’ouverture sont telles que nous avons pas pu entrer et seulement fait des photos depuis l’extérieur.
Nous nous sommes ensuite posés quelques instants sur la place devant l’entrée principale, au milieu de locaux, l’ambiance est vraiment très sympa.
Night Market
Nous avons terminé notre tour en marchant le long de la rivière au Night market. A nouveau, nous avons vu des insectes sans oser en manger.
Le long de l’eau, on trouve pleins de machines de fitness en plein air. Elles sont très utilisées par les cambodgiens en fin de journée! Par contre, je ne tiendrais pas en pantalon et manche longue à faire du sport par ces températures…
Toul Sleng (S-21) et Killing fields
Le lendemain matin, nous avons partagé un tuktuk avec deux autres touristes pour aller visiter la prison S-21 ainsi que les Killing Fields.
La prison Toul Sleng (aussi appelée S-21) est un centre de détention situé à Phnom Penh en activité durant le règne des Khmers Rouges.
Attention: le récit de notre visite de S-21 et des Killing Fields raconte de manière assez cru et factuelle ce que nous avons vu et ce qui nous a été raconté. Je n’ai par contre mis aucune image pouvant choquer. N’hésitez pas à vous arrêter de lire ou à sauter cette partie si cela devenait insupportable.
Mais tout d'abord un peu d'histoire
Le 17 avril 1975, les Kherms Rouges marchent sur Phnom Penh. Vus au départ comme des libérateurs du joug américain sur la région, la population va vite déchanter et subir les atrocités du régime du Kampuchéa démocratique, nouveau nom du pays.
Chaque cambodgien a été touché de prêt ou de loin par ces atrocités
En effet, pendant les quatre années de règne, environs 3 millions de cambodgiens sur une population totale de 8 millions seront tués selon l’UNESCO, entre exécutions, travail forcé dans les champs dans tout le pays, par famine ou maladie.
Encore de nos jours, pratiquement tous les cambodgiens connaissent quelqu’un de mort ou ayant souffert sous le régime des Khmers Rouges.
Leur leader, Pol Pot, s’est formé au Communisme en France durant ces études par ailleurs ratées.
Ils voulaient recréer une civilisation à l’ancienne, proche de la terre, auto-suffisante en rejetant toute forme d’intellect. Selon lui, toutes les personnes formées (enseignants, médecins, ingénieurs) étaient des ennemis de ce mode de vie et devaient être éliminées. Le simple fait d’avoir les mains propres ou des lunettes suffisait pour se faire emprisonner puis exécuter.
Ils ont donc créer un réseau de prisons dans tout le pays.
Dans ces prisons, les prisonniers étaient de toute façon coupables. Le but étaient qu’ils avouent – au besoin sous la torture – des crimes imaginaires. Une fois les aveux obtenus, ils étaient amenés aux Killing Fields pour les exécuter. De plus, les aveux obtenus accusaient souvent la famille entière de l’accusé qui était exécutée avec lui évitant ainsi toute rancoeur future.
La prison S-21 a vu passé dans ses murs et a envoyé pour exécution entre 12'000 et 20’000 prisonniers.
Seulement douze personnes en sont sorties vivantes.
Les soldats des Khmers Rouges venaient principalement de la campagne reculée.
Ainsi, ils n’avaient aucune formation et étaient plus facilement manipulables par le régime. De plus, chaque tentative de rebellion était durement punie. Les soldats étaient à leur tour amener aux Killing Fields pour y être exécutés.
Ils importaient des pays voisins chaque objet ou service nécessitant une main d'oeuvre qualifiée.
Le problème quand on élimine toutes les personnes avec une formation supérieure, c’est qu’on perd la capacité à réaliser certaines choses soi-même… Ainsi, ils devaient importer à tort et à travers des pays voisins, à prix élevé avec le peu de moyen qu’ils avaient. Par exemple, ils payaient en riz pour des armes à la Chine alors que leur propre citoyens mourraient de faim.
Les gouvernements occidentaux ont fermé les yeux sur ce qui se passait
En cette période de guerre froide, les gouvernements occidentaux ont préféré fermer les yeux sur les atrocités plutôt que de risquer de voir un gouvernement communiste remplacer les Khmers Rouges.
La visite de S-21
Au guichet, un audioguide est proposé en sus du ticket d’entrée. L’entrée coûte 8 $ par personne avec l’audioguide. A peu près tous les visiteurs le prennent pour la visite, nous avons fait de même et recommandons de faire pareil. Cela donne une dimension supplémentaire ainsi que des explications sur les différents bâtiments et les choses qui s’y sont passés. L’audioguide est disponible en français. L’homme qui parle est très compréhensible même s’il ne parle pas très vite (du coup, nous avons terminé la visite un peu plus tard que les autres ayant choisi l’audioguide en anglais).
La visite est une expérience très dure à vivre. L’audioguide raconte de manière très factuelle ce qui s’est passé. Des témoignages des familles des victimes peuvent aussi être écoutées. Avant plusieurs séances audios, nous sommes avertis qu’on peut en tout temps arrêter l’écoute, sortir des bâtiments et continuer à l’extérieur.
La prison est composée de quatre bâtiments (A-D).
La visite commence devant le premier bâtiment, le bâtiment A, avec l’histoire de l’arrivée au pouvoir des Khmers Rouges que je vous ai résumée ci-dessus. Sur la place devant les bâtiments se trouvent quatorze tombes anonymes. Dans ces tombes sont enterrés les derniers prisonniers que les Khmers Rouges ont sommairement tués avant de s’enfuir.
Le bâtiment A était utilisé pour les interrogatoires.
Les interrogatoires comprenaient de la torture. Le but était que l’accusé avoue ce que le bourreau avait envie (ou besoin) d’entendre. Une fois qu’il avait avoué, il pouvait être amené aux Killing Fields pour y être exécuté. On peut imaginer que de nombreuses personnes ont vécu ça comme une libération.
Dans ce bâtiment, on peut voir les photos des quatorze personnes retrouvées mortes à la libération du camp, sommairement exécutés, encore attachés à leur lit. Les lits sur lesquels ils étaient attachés sont encore présents.
Devant le bâtiment, on peut lire les dix règles que devaient respecter les prisonniers. Je vous laisse imaginer comment certaines pouvaient être respectées…
Devant le bâtiment B, un support à balançoire avait été transformé en instrument à supplice.
Les prisonniers étaient suspendus à ce support par les mains liées dans le dos.
Dans le bâtiment, nous pouvons regarder de nombreuses photos illustrant tour à tour les leaders des Khmers Rouges, le personnel de S-21 ainsi que les victimes dont on a encore les photos.
A l'instar des Nazis, les Khmers Rouges tenaient un registre des prisonniers.
Bien qu’ils aient tenté de détruire les preuves lors de leur départ, de nombreuses images et noms des prisonniers ont pu être recueillies et une partie est affichée dans les différents bâtiments.
Le bâtiment C est le plus difficile à regarder et à visiter
En effet, les grillages en barbelé sont encore présents sur les murs. On nous explique qu’ils n’étaient pas là pour empêcher les prisonniers de s’évader comme on pourrait le croire, mais pour les empêcher de se suicider en sautant par dessus le balcon (!!). Les gardes devaient en effet rendre des comptes si un prisonnier mourrait avant d’avoir avoué ses prétendus crimes.
Le bâtiment contient également encore les murs séparant les cellules. Si dans certaines cellules, le prisonnier était enchaîné de manière individuelle, dans certaines autres, ils étaient enchaînés tous ensemble le long d’une barre en métal. De plus, ils avaient le droit ni de parler les uns avec les autres, ni le droit de se relever ou de s’asseoir sans que les gardes les y autorisent.
Le bâtiment D contient des preuves des atrocités commises ici.
Vann Nath, l’un des sept survivants, était peintre. C’est d’ailleurs grâce à ses qualités d’artistes qu’il a pu survivre, en peignant des portraits des dirigeants Khmers Rouges. Seulement, cela s’est retourné contre eux. A sa libération, il a peint ce que les prisonniers lui avaient raconté des atrocités qu’ils avaient subies. Certaines de ses peintures sont maintenant exposés dans ce bâtiment.
Des instruments/machines de torture sont également visibles juste à côté. On peut aisément les reconnaître sur les peintures.
Des images des charniers retrouvés dans les Killing Fields ainsi que des crânes appartenant aux victimes sont également visibles.
Certains dirigeants ne sont punis que maintenant pour leurs crimes.
En sortant de notre visite, j’ai reçu une notification de l’application 20min.ch annonçant que deux des dirigeants Khmers Rouges avaient été (enfin) condamnés pour génocide. En 2018, soit plus de 40 ans après les faits. Ils avaient déjà été condamnés en 2014 pour crime contre l’humanité.
Pol Pot est décédé en 1998 avant qu’il ne puisse être jugé.
La prison était dirigé par Duch, un ancien professeur de mathématiques. Duch a été jugé et condamné pour ses crimes. On peut entendre ses aveux dans un passage audio supplémentaire.
Le dernier passage audio est un avertissement à toute l'humanité.
C’est le discours de l’ambassadeur d’Allemagne lors de l’inauguration d’un stupa dédié aux victimes du Kampuchéa démocratique. L’Allemagne a grandement participé au financement de ce monument.
L’avertissement est contre l’oubli du passé. Pour que les nombreux génocides du XXème siècle (l’Allemagne Nazi, Pinochet au Chili, le Rwanda, etc) avertissent les générations futures afin que de pareilles choses ne se reproduisent plus.
La visite des Killing Fields
Nous avons ensuite repris notre tuktuk et roulés environ 30-45 minutes vers les Killing Fields situés au Sud de Phnom Penh. Un audioguide est aussi disponible pour cette visite. Nous recommandons également de le prendre. L’entrée coûte 6 $ par personne avec l’audioguide.
Contrairement à S-21 où tout est encore en place, la plupart des bâtiments ont été détruits ici. Le site était protégés autrefois par de grands murs pour dissimuler ce qui se passait vraiment ici.
La visite fait le tour du site en expliquant les différentes étapes menant aux fosses communes.
Les condamnés étaient amenés en camions depuis S-21. Ils étaient ensuite amenés sous un couvert où ils attendaient leur tour. Si au début, ils étaient exécutés le jour même de leur arrivée, vers la fin, le trop grand nombre de condamnés arrivant chaque jour ne leur permettaient plus de suivre le rythme. Ils restaient ainsi quelques jours attachés sous ce couvert.
On nous raconte comment ils étaient exécutés.
Afin d’économiser des balles, les bourreau utilisaient tout ce qu’is avaient sous la main, marteaux, pelles, pioches, n’importe quel outil était utilisé pour frapper à la tête et tuer les condamnés. Afin de masquer leur cris de souffrance, ils jouaient des chants de partisans dans d’immenses hauts-parleurs. De plus, ils aspergeaient les corps d’acides afin de les achever et de couvrir l’odeur des corps. Cet acide était le même que celui utilisé dans les champs avoisinants par les paysans afin de ne pas éveiller de soupçons auprès de la population.
Nous nous dirigeons ensuite vers les emplacements des fosses communes qui sont encore visibles.
Les ossements et autres habits ont par contre été retirés de ces fosses. Encore aujourd’hui, des os ou des habits ressortent régulièrement de terre. Certains bouts de vêtements sont rangés dans une vitrine le long du parcours.
Nous passons ensuite la boule au ventre devant l'arbre des exécutions.
Cet arbre était utilisé pour tuer les enfants. Ils étaient jetés contre cet arbre.
Nous terminons la visite vers le stupa érigé en mémoire des victimes.
Dans cette stupa, certains cranes retrouvés dans les fosses communes sont exposés. Ils ont tous été autopsiés. Un marquage a été aposé sur les crânes expliquant la manière dont la personne est morte (coup de machette, marteau, couteau, etc.), le sexe et l’âge de la victime. Le stupa est aujourd’hui plein et les crânes récemment trouvés ne peuvent plus y être amenés.
On se ressort pas indemne de ces deux visites.
Je me rappelle avoir visité un camp de concentration à Trieste en Italie. Visiter S-21 et les Killing Fields provoquent les mêmes sensations de mal-être et d’incompréhension quant à la cruauté humaine…
Et ensuite...
Après avoir visiter Phnom Penh, nous avons pris un bus pour nous rendre à Battambang plus au Nord afin de visiter une ville plus typique du Cambodge. Puis, nous avons passé 3 jours à visiter les temples d’Angkor.
Conseils pratiques pour visiter Phnom Penh
Comment se déplacer à Phnom Penh? Les transports
Le moyen le plus simple et le meilleur marché pour se déplacer dans la ville est d’utiliser l’application Grab. C’est moins cher que de demander à un tuktuk au bord de la route et ça facilite l’explication de votre destination étant donné qu’elle est directement entrée sur la carte dans l’application.
Où se loger à Phnom Penh? Les hébergements
La première nuit, nous avons logé au 19 Happy House Backpackers. N’y allez pas! Nous avons eu le choix entre une chambre puant le moisi et une chambre donnant sur la route et donc super bruyante. Surtout qu’il a plu pendant la nuit et je vous laisse imaginer le bruit que l’avant-toit en tôle a pu faire…
Nous avons donc changé d’hostel pour les nuits suivantes. Nous sommes allés au SLA Boutique Hostel. Cet hostel mérite sa très bonne note sur Booking. Nous avons logé pour la première fois dans un dortoir avec un lit double. Nous étions un peu réticent à essayer cela mais en fin de compte, c’est un très bon compromis entre une chambre double plus chère et un dortoir où nous ne dormons pas dans le même lit. L’hostel est bien situé, proche des principaux sites touristiques et met à disposition un tableau où les personnes intéressées à partager un tuktuk pour aller voir S-21 et les killing fields peuvent s’inscrire. Le café et le thé sont gratuits jusqu’à 11h et la nourriture bonne.